Les fonds de finance comportementale battent-ils le marché ?

La finance traditionnelle repose sur des hypothèses de rationalité qui sont celles de l’économie néo-classique. Les agents sont supposés avoir une rationalité axiomatique, ce qui signifie qu’ils se comportent conformément à un certain nombre d’axiomes mathématiques. Ils sont supposés être capables de réviser leurs croyances ou leurs anticipations sans biais dès que des informations nouvelles leur sont communiquées. Il s’agit de l’hypothèse de révision bayésienne des anticipations. Ils sont ensuite supposés prendre des décisions conformément aux fins qu’ils poursuivent. Il s’agit de l’hypothèse d’autocontrôle. Enfin, ils sont supposés maximiser leurs fonctions d’utilité. Dans le cas de la gestion de portefeuille, il s’agit de maximiser sa valeur pour le niveau de risque souhaité. Les outils de la gestion de portefeuille tels qu’ils sont présentés dans tous les manuels standards supposent ces hypothèses valides[1]. Si tous les investisseurs se comportaient de cette façon, les marchés seraient nécessairement efficients dans le double sens où les cours des titres correspondraient en permanence à leur valeur fondamentale et où l’information nouvelle étant de fait systématiquement inclue dans les cours, il ne serait pas possible à un gérant de portefeuille de battre le marché sur la base d’informations nouvelles. Le problème de cette approche de la finance est qu’elle ne permet pas de comprendre pourquoi les prix s’écartent régulièrement des valeurs fondamentales des titres et tout un ensemble de phénomènes qui ont été qualifiés d’anomalies et de puzzles[2] car ils ne devraient pas exister. L’apport de la finance comportementale est de montrer que les investisseurs sont loin de se comporter de façon aussi rationnelle que le supposent les économistes néo-classiques. Télécharger la note complète 

[1] Les différentes hypothèses sont généralement exposées dans les premiers chapitres des livres de gestion de portefeuille et de théorie financière. Nous ne les développons donc pas plus.

[2] Pour une revue de ces anomalies, voir les chapitres sur l’efficience des marchés des manuels de gestion de portefeuille, par exemple Alphonse P. et al., « Gestion de portefeuille et marchés financiers », 2ème éd., 2017, Pearson ou Hamon J., « Bourse et gestion de portefeuille », 5ème éd., 2014, Economica.