Le pouvoir symbolique du dividende

En pleine crise du COVID-19, les dividendes font l’objet de nombreux débats et contestations. Le 24 mars, le ministre de l’économie a incité les entreprises françaises à « la plus grande modération » dans le versement des dividendes en 2020 et que « les entreprises où l’Etat est actionnaire », seraient invitées à « ne pas verser de dividendes en tout cas à des particuliers », ajoutant que « le partage de la valeur, c’est aussi une solidarité ».  Les références aux particuliers et à la solidarité montre à quel point la vision du dividende que peut avoir Bruno Lemaire est proche de celle des rédacteurs du rapport d’Oxfam[1]. Ce rapport[2], sorti en mai 2018, concluait que les actionnaires s’enrichissaient plus que jamais au dépend des salariés. Cette étude a surtout l’avantage de mettre en évidence l’exploitation que l’on peut faire d’un sujet symbolique à des fins politiques. Ses défauts méthodologiques[3] et ses conclusions tendancieuses ont déjà fait l’objet d’analyses qu’il est inutile de reprendre ici. Nous renvoyons le lecteur à l’excellent article d’Albouy et Bonnet par exemple[4].

Le versement de dividende n’a en réalité qu’un pouvoir symbolique qui donne le la à de nombreux malentendus tels que le fait que les actionnaires s’enrichissent lorsqu’ils perçoivent des dividendes. Or, comme nous allons le développer à travers la théorie financière, cette idée est complétement fausse. Télécharger la note complète


[1] Pour une analyse politique de cette position de Bruno Lemaire, voir Albouy : https://www.contrepoints.org/2020/03/30/367743-supprimer-les-dividendes-bruno-le-maire-et-la-cgt-meme-combat

[2] https://www.oxfamfrance.org/inegalites-et-justice-fiscale/cac-40-des-profits-sans-partage/

[3] Méthodologie que Patrick Artus n’a pas hésité à qualifier de désastreuse. Voir https://www.planete-business.com/2018/05/16/rapport-oxfam-dividendes/

[4] https://www.contrepoints.org/2018/05/23/316546-oxfam-7-biais-methodologiques-du-rapport-qui-stigmatise-les-actionnaires